Et si on parlait de passion ?

Depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours cherché l’équilibre. Dans mes pensées, dans mes émotions, dans mes engagements. On m’a souvent dit que j’étais « tellement équilibrée », comme si c’était une évidence, une nature. Peut-être que ça l’était. Ou peut-être que je m’efforçais de le paraître. Mais ce que l’on ne voyait pas toujours, c’est qu’en moi brûlait un feu intense.

Ce feu, c’est la passion.

Une énergie vive, bouillonnante, exigeante. Celle qui me pousse à m’investir totalement, à m’enthousiasmer, à créer, à croire. Celle qui me donne cette sensation de vivre pleinement, à chaque battement de cœur, à chaque projet lancé, à chaque rencontre. La vie m’a toujours semblé un terrain d’exploration infini. Et cette curiosité profonde ne m’a jamais quittée.

Avec les années, cette passion n’a pas faibli. Au contraire, elle s’est élargie, elle s’est nourrie de mes expériences, elle s’est ancrée dans le réel tout en restant capable de m’emporter très loin. Quand quelque chose m’appelle, je réponds présente, entière, souvent sans filet.

Mais la passion n’est pas sans revers. Elle éblouit, elle embrase, mais elle peut aussi brûler. J’y ai laissé des plumes. Et parfois, je me suis laissée consumer. Ces moments de vertige où l’on donne tout, où l’on s’attache, où l’on croit, et où l’on s’effondre. Où l’on pleure toutes les larmes de son corps, convaincue d’avoir tout perdu.

Et pourtant, avec le temps, j’ai appris. J’ai appris à reconnaître les limites, à écouter davantage les signes, les intuitions, les silences aussi. J’ai compris que si quelque chose résiste, ce n’est peut-être ni le bon moment, ni la bonne direction. J’ai appris à ménager mon feu, à en faire une lumière plutôt qu’un brasier.

Et puis… il y a ce sentiment nouveau.

Depuis quelque temps, j’ai l’impression d’avoir perdu cette quête incessante d’équilibre qui m’animait autrefois. Parfois, je me sens un peu perdue quand même. Je ne sais pas très bien où je vais. Et, chose étonnante, je m’y sens bien paradoxalement. J'arrive à trouver du confort dans l'inconfort !

Il y a quelque chose de précieux dans ce flottement. Une forme de liberté nouvelle. Un espace ouvert, où plus rien n’est figé, où les anciens repères s’effacent doucement pour laisser place à une créativité plus sauvage, plus sincère, plus intuitive.

Je ne cherche plus à tout maîtriser. Je n’ai plus envie de tout comprendre, tout contrôler. Ce que je ressens, c’est un espace vierge à habiter, une respiration. L’âme un peu en déséquilibre, Et dans cet espace non défini, tout semble possible.

Plus de verrou. Plus d’obligation à tenir une posture. Juste moi, là, disponible à ce qui vient.

Peut-être que l’équilibre n’est plus une ligne droite à tracer, mais un mouvement souple, vivant. Une danse entre ce qui me bouleverse et ce qui m’apaise.

Je choisis de rester là un moment, dans cette zone floue, fertile. De m’y abandonner sans crainte. De créer à partir de là. D’aimer à partir de là. De vivre.

Et puis d'accueillir ce qui se présentera ! Me laisser cueillir par l'inattendue !

Et toi… As-tu déjà trouvé ton propre rythme entre le feu et le calme ?
As-tu, toi aussi, déjà goûté à cette sensation étrange mais féconde d’être un peu perdue… mais pleinement vivante ?

(crédit photo)