Il y a mille façons d’être inspirée. Par un paysage, un mot, une chanson, un souvenir, un silence. En moi, l’inspiration naît de ce que je vois, de ce que je ressens, de ce que je vis — et de ce que je pressens. Elle est à la fois sensorielle, spirituelle, incarnée. J’ai eu envie d’écrire cet article comme une traversée de mes territoires intérieurs : pour poser les jalons de ce qui m’inspire profondément, et peut-être, t’inspirer à explorer les tiens.
Le regard sensible
Ce qui m’inspire profondément, ce sont ces instants suspendus où la nature parle bas, mais fort.
Je suis fascinée par les cyprès élancés, les oliviers noueux, témoins immobiles de tant d’histoires et de saisons. J’aime les reflets furtifs sur les feuillages, les ciels changeants qui semblent peindre une émotion différente à chaque heure. Les arbres, véritables gardiens du temps, occupent une place particulière dans mon univers. Leur présence silencieuse et majestueuse m’émeut à chaque fois. J’admire leur enracinement puissant et leur capacité à s’élever vers le ciel, symboles d’équilibre entre la terre et l’infini.
Il y a quelque chose de très vivant dans les Alpilles, dans leurs roches dorées, dans les nuances infinies de bleu que prend la mer quand on la regarde longtemps.
Mes couleurs d’inspiration sont le vert de la vie, le bleu de l’âme et l’orangé de la chaleur. Des couleurs qui éveillent, enveloppent ou rassurent, comme des présences silencieuses.
Je suis particulièrement sensible au printemps. À cette saison où les fleurs surgissent, où les bourgeons hésitent avant d’exploser, où les fraises et cerises arrivent comme les premières notes d’un morceau joyeux.
J’aime le matin, quand le monde est encore en silence, que tout semble possible. Et j’aime aussi la fin du jour, quand l’énergie se dépose, surtout si le coucher de soleil embrase la plaine de la Crau, sur la route d’Eyguières.
L’imaginaire artistique
Je suis une amoureuse des chansons françaises, parce que les mots y ont un poids, une chair, une âme. Ce sont les textes qui me touchent, plus encore que la mélodie — ces histoires murmurées ou chantées qui collent au cœur.
Je lis beaucoup, et j’ai été profondément happée l’an dernier par la saga des Sept Sœurs. J’aime aussi me laisser emporter par les séries, notamment espagnoles, pour leur intensité, leur rythme, leur lumière différente. Il y a dans ces récits une chaleur, un mystère, un souffle particulier.
Du côté des arts plastiques, c’est l’aquarelle qui me parle le plus. Elle me touche par la délicatesse de l’eau mêlée à la couleur, par le jeu infini des nuances, par la liberté qu’elle laisse à l’imprévu.
J’aime les fleurs, les plantes vertes, leur poésie discrète et leur pouvoir d’ancrage.
Deux artistes me guident :
– Frida Kahlo, pour sa force brute, son identité assumée, son art viscéral ;
– et Alphonse Mucha, pour son univers onirique, ses lignes souples, ses femmes-fleurs auréolées de lumière.
Je suis également inspirée par tout ce qui touche à l’architecture, la décoration d’intérieur, les tissus, les matières naturelles comme le bois. J’aime quand les espaces racontent une histoire, quand les objets portent une mémoire, quand l’harmonie devient palpable.
La matière vécue
Mon enfance est une source inépuisable d’émotions, de bonheur et de joie. J’ai grandi entourée de mes deux grand-mères, qui m’ont tant choyée, et de mon grand-père, qui m’a transmis l’amour de la terre, des animaux et cette connexion profonde à la nature. C’est sans doute là que s’est enracinée ma sensibilité au vivant, au rythme des saisons, à la beauté simple des choses.
J’ai aimé chaque étape de ma jeunesse — mon enfance donc, mais aussi mon adolescence, et surtout ma vie d’étudiante à Avignon, si vivante, libre, intense. Ce sont des périodes où je me sentais inspirée, alignée, en expansion, dans une vibration juste.
Les rencontres ont toujours joué un rôle déterminant dans ma vie. Certaines ont bouleversé mon regard sur le monde ou sur moi-même, d’autres ont ouvert des portes inattendues. Je les évoque d’ailleurs dans ma rubrique Au fil des rencontres — comme des balises sur le chemin.
Les gestes créatifs
Créer a toujours fait partie de ma vie. Je ne saurais même plus dire à quel âge j’ai commencé à fabriquer des carnets de collage — mais je sais que je n’ai jamais arrêté. Encore aujourd’hui, y consacrer du temps me procure un profond sentiment de plénitude. Le simple fait de choisir une image, de l’associer à une autre, de créer une composition libre, me recentre et m’apaise.
Depuis quelques années, je me suis aussi ouverte à l’aquarelle. Il y a quelque chose de magique dans l’instant où le dessin émerge doucement sur le papier blanc, où les couleurs se fondent entre elles, imprévisibles mais toujours justes. C’est un plaisir sensoriel, mais aussi une forme de méditation.
J’aime également la photographie, cette quête du moment juste, ce jeu entre la lumière, la composition, l’émotion furtive. Saisir un instant et lui donner une harmonie visuelle me comble.
Et bien sûr, il y a l’écriture. Depuis toujours. Le plaisir de chercher les mots, de les aligner dans un cahier, ou de les partager sur mon blog, comme on ouvre une fenêtre vers l’intérieur.
Quand je suis inspirée, je crée. C’est naturel, c’est immédiat. C’est ma manière de rester vivante et alignée.
Le monde comme terrain de jeu
J’aime voyager, mais j’ai profondément évolué dans ma manière d’explorer le monde. Aujourd’hui, je n’aspire plus à l’ailleurs lointain. Je suis fascinée par les destinations proches, et surtout, j’aime y revenir. Revenir, c’est ressentir l’énergie du lieu, créer des routines sensibles, retrouver des émotions anciennes dans des rues connues. C’est ce que je vis aujourd’hui avec Toulouse, le Périgord, ou encore Barcelone.
Certains paysages m’émeuvent intensément : les Alpilles, Saint-Rémy-de-Provence, la côte bleue… Ces lieux me parlent, m’inspirent, m’apaisent.
Je suis très sensible à l’art urbain. Dans la rue, je scrute les détails invisibles : une fresque, une silhouette collée sur un mur, une phrase manuscrite sur une boîte aux lettres… J’ai même ce rêve secret de coller moi aussi mes créations dans l’espace public, comme un murmure poétique adressé aux passants.
J’aime les coffee shops, ces lieux doux où je peux m’arrêter avec un livre et un carnet. Leur atmosphère m’inspire autant que les luminaires dans les restaurants, les agencements discrets que je note mentalement pour plus tard. Mon quotidien est un terrain d’émerveillement, même dans l’ordinaire. Surtout dans l’ordinaire.
L’invisible et le symbolique
Je suis inspirée par les symboles autant que par les formes tangibles du monde. Parmi eux, le cercle m’accompagne depuis toujours : il évoque pour moi la pleine cohérence de la vie, le cycle, l’harmonie, les directions et leur signification sacrée. Il est à la fois mouvement et ancrage.
Depuis quelques années, je chemine dans une pratique chamanique qui me relie profondément à l’animal-médecine, aux éléments, aux rythmes naturels. Le serpent s’est révélé être mon animal de pouvoir. Je me le suis même fait tatouer, sur mon avant-bras, comme un rappel vivant de transformation, de mue, d’énergie vitale. Il m’inspire et m’enseigne.
Je crois à l’âme, à la réincarnation, au karma, à l’équilibre subtil entre yin et yang, à ce monde invisible qui agit en filigrane du nôtre. Je suis sensible aux synchronicités, aux signes, au pouvoir de l’univers quand on le laisse s’exprimer à travers nous.
Et parmi les nombreuses phrases qui m’accompagnent, il y a une boussole ancienne qui ne m’a jamais quittée :
"Qui vivra verra."
Un mantra simple, mais chargé de confiance, d’abandon, et de sagesse face à l’inconnu.
Ainsi se tissent, jour après jour, les racines invisibles de ma créativité — un mélange intime de nature, d’art, d’émotions, de symboles et d’expériences qui nourrissent ma vie et mes créations.
Écrire cet article m’a permis de poser un regard tendre et conscient sur tout ce qui me nourrit, me guide, m’éveille. Mes sources d’inspiration sont multiples, mouvantes, enracinées. Elles parlent de moi, de mes liens, de ma manière d’habiter le monde.