La créativité n’est pas un luxe réservé aux artistes. Elle est ce courant qui nous traverse, parfois discret, parfois impétueux, et qui nous rappelle que nous sommes des êtres de vie, d’expression et d’invention. Pourtant, trop souvent, elle reste enfermée derrière des murs invisibles : peur du regard des autres, croyance de ne pas être « assez doué », habitudes qui étouffent l’élan intérieur. Et si l’acte de libérer sa créativité était avant tout un geste de libération de soi ?
On associe spontanément la créativité à la peinture, à la musique ou à l’écriture. Mais en réalité, elle s’exprime partout : dans la manière de cuisiner un plat, d’aménager un espace, de résoudre un problème ou d’inventer une nouvelle façon d’aimer. C’est une énergie universelle qui circule en chacun de nous, comme une rivière souterraine toujours prête à jaillir si on lui ouvre une voie.
Pourquoi alors avons-nous tant de mal à lui laisser de la place ? Parce que nous grandissons souvent avec l’idée que la créativité se juge, se note, doit atteindre une forme de perfection. Le regard des autres, le poids du jugement, l’idée qu’il faut être « doué » pour créer, nous coupent de cette source. À cela s’ajoutent nos routines, nos emplois du temps serrés, qui ne laissent plus de place au jeu, à l’improvisation, au simple fait d’essayer.
Se permettre de créer sans but ni attente, c’est se reconnecter à une part essentielle de soi : l’enfant intérieur. Celui qui dessinait sans se demander si c’était “beau”, qui inventait des mondes entiers avec trois bouts de ficelle. Retrouver cette liberté, c’est aussi s’offrir l’autorisation d’être imparfait, de s’amuser, d’expérimenter. Libérer sa créativité, c’est retrouver le goût du possible, la joie de l’inattendu, l’élan vital que la vie cherche toujours à faire circuler.
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Tenir un carnet : écrire sans filtre, coller des images, tracer des couleurs, noter des idées fugaces.
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Expérimenter sans objectif : peindre, chanter, danser, bricoler, juste pour voir ce qui naît.
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S’offrir des moments de contemplation : marcher dans la nature, observer les couleurs d’un ciel, écouter le silence.
Lorsqu’on la laisse circuler, la créativité agit comme une source de confiance. Elle nous relie à une part intime et authentique, nous rend plus souples, plus résilients, plus vivants. Elle ouvre aussi des portes inattendues : un projet qui prend forme, une rencontre qui inspire, une nouvelle manière de voir le monde.
Si je parle de créativité, c’est parce que je l’ai rencontrée au détour de mes propres chemins. Longtemps, je l’ai laissée sommeiller, croyant qu’elle appartenait aux autres, à ceux qui “savent dessiner” ou “savent peindre”. Puis un jour, j’ai osé. Une toile, des couleurs qui se déposent sans logique apparente. Une aquarelle, légère comme une respiration. Un collage, né du simple plaisir d’assembler des fragments d’images et de leur inventer une histoire nouvelle.
Ces moments-là ne sont pas des performances, mais des instants de vérité. Ils me ramènent à ce que j’ai de plus vivant, de plus spontané. Ils m’offrent une joie simple : voir surgir quelque chose qui n’existait pas avant moi, qui pourtant m’appartenait déjà. Mes peintures, mes aquarelles, mes collages sont mes carnets d’âme. Ils sont mes terrains de jeu, mes refuges intérieurs, mais aussi des fenêtres ouvertes vers l’autre. Car partager une création, c’est tendre la main, offrir une part de soi, inviter à entrer dans un monde intime et singulier.
Libérer sa créativité, ce n’est pas produire des œuvres parfaites. C’est s’autoriser à être pleinement soi, avec ses couleurs, ses tâtonnements, ses élans. C’est réapprendre à jouer, à inventer, à respirer différemment. La créativité n’est pas une option : c’est un souffle vital. Et si aujourd’hui, vous ouvriez simplement la porte à ce courant intérieur qui ne demande qu’à s’exprimer ?